LR au gouvernement, braquage ou simple coup de poker ? »

Il semblerait que Michel Barnier, avec toute l’enthousiasme désinvolte d’un nageur plongé dans une rivière de mélasse, ait été propulsé au siège éminent de Matignon. Ce choix, symbolisé par un homme forgé dans l’acier trempé de la modération, suscite les élucubrations vertigineuses de notre cher Éric Ciotti, grand maître de la manœuvre politique.

Le lion flamboyant de l’Union des Droites pour la République (mystérieuse entreprise où l’idéalisme côtoie souvent le pragmatisme routinier des comptoirs locaux) donne à entendre son plan de redressement national. Quel plan audacieux me direz-vous ? Simple : l’application de la fameuse « vraie politique de droite, » imposante comme un château de cartes dans un courant d’air. Ah, la clarté idéologique qui n’a d’égale que la probabilité de voir un âne voler !

Regardons de plus près le théâtre burlesque qui s’invite sur la scène nationale. La symphonie bancale entre la mine sévère du macronisme et la noble antiquité du gaullisme nous offre cette pépite : «Ce n’est pas la continuité du macronisme, même sous un autre visage, qui sauvera la France», déclame Éric Ciotti avec la gravité d’un oracle au rabais. Franchement, fallait-il une boule de cristal pour cela ?

Sous un vernis ostensiblement souverainiste, la dénonciation de la macronie—ou plutôt la dramaturgie s’y apparentant—prend des allures d’opéra comique. Une macronie prétendument moustachue et diabolique, dotée d’un bilan effrayant censé tordre de douleur même les fantômes du « Radeau de la Méduse » et du « Titanic ». Quand l’excès de zèle devient un art…

L’inénarrable opportunisme politique n’est certes pas en reste. Le bon Éric, avec l’emphase douloureuse qui le caractérise, prophétise le naufrage inévitable d’une gauche bourgeonnante de penchants révolutionnaires qui piloterait prétendument le futur équipage de Barnier. On imagine la scène : des dirigeants en lutte acharnée, poings liés par l’inertie politique et les chaînes des majorités relatives.

Pour achever cette escalesque galerie de tableaux ridicules, le pivot de la droite caracolante pointe aussi « l’immense tâche » qui attend cette équipe fragile, annonçant stoïquement des entraves mystiques à leurs poignets. Tâche immense, dites-vous ? Peut-être aussi immense que l’écart entre les ambitions tonitruantes de Wauquiez et leur disparition probable sous les vagues des cargos macronistes.

Bref, dans cette orchestre rocambolesque où le tapis se dérobe à chaque virage, se joue la farce d’une droite écartelée entre son envie de prise de pouvoir immédiate et ses convictions brumeuses. Une arrivée au port du succès est bien improbable, mais l’illusion du voyage tempétueux alimentera sûrement encore quelques prochains délires politiques télévisés. À vos jumelles, spectateurs avisés : le naufrage en devenir promet d’être grandiose !

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